Je l’ai obtenue en 1988. J’ai le numéro 59 125. Pour moi, c’était une reconnaissance de mon travail qui me permet d’avoir mes dessins payés en pige par les médias. Quand j’ai commencé le dessin de presse, on me demandait si j’étais journaliste, mais il fallait le prouver. Quand j’ai pu travailler suffisamment, j’ai déposé un dossier à la Commission, qui a été accepté. Durant toute ma carrière, je n’ai dû sortir qu’une seule fois ma carte, c’était pour une visite du président Mitterrand. Je suis content d’illustrer la campagne de la CCIJP, j’espère que ça motivera les journalistes à voter.
Ça ne m’étonne pas, nous ne sommes pas très nombreux. Pour les dessinateurs de presse ce n’est pas facile de se faire rémunérer comme journaliste par tous les médias, ils sont plutôt rémunérés en droits d’auteur.
J’ai toujours dessiné et je suis passé par une école d’arts appliqués. Mais je voulais faire du dessin de presse. Tout jeune, j’avais gagné un concours de dessins avec Le Nouvel Obs et TF1. Et, comme je lisais Le Canard enchaîné, je suis allé lui proposer directement quelques idées. En 1985, j’ai été reçu par Bernard Thomas [qui tient une chronique au Canard, NDLR] et il m’en a pris quelques-uns. Ensuite j’ai continué à aller taper aux portes des journaux. Ma décision était prise d’en faire mon métier.
Il n’y a pas d’école pour apprendre le dessin de presse. Les dessinateurs ont tous des parcours différents. Il faut suivre l’actualité pour trouver l’inspiration. Mais il faut aussi savoir répondre très vite aux commandes qui sont faites par les rédactions. C’est un métier un peu à part. J’adore pouvoir travailler sans aller au bureau et aller jouer au tennis ou au golf dans la journée !
Ce n’est pas difficile, le robinet de l’actu est ouvert en permanence. J’aime bien trouver des sujets très différents à traiter qui changent tous les jours. L’essentiel est d’avoir un regard différent, de sortir quelque chose de rigolo à travers le dessin, même sur un sujet qui n’est pas très souriant. J’aime les dessins qui racontent quelque chose visuellement avant le texte. Il ne faut pas oublier que l’on est d’abord dessinateur. Avant Internet, je me constituais de la documentation en découpant des journaux pour avoir des modèles à dessiner. Depuis quelques années, c’est beaucoup plus facile, on a tout sous la main. Et avec la tablette graphique on peut même dessiner de partout.
J’aime beaucoup Pétillon, Sempé, l’Américain Jeff McNelly…
Aujourd’hui je n’ai plus à aller taper aux portes. J’ai travaillé aussi bien pour Le Journal de Mickey que pour des journaux médicaux et la télévision. Je vais avoir 62 ans mais je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Je prends quand même du recul par rapport aux réseaux sociaux, où les dessins publiés hors du contexte attirent des commentaires pas toujours agréables.
Ça a fait quelque chose. Je connaissais Tignous, j’avais rencontré Wolinski, Honoré et Cabu. Je pense que, si l’on a peur, on ne peut pas faire ce métier. Depuis, on discute un peu plus sur le choix des dessins avec les rédacteurs en chef. L’attentat a attiré l’attention sur notre métier. Pourtant je me dis que nos dessins ne changent pas les choses. Avant de passer à la postérité, un dessin de presse sert à emballer du poisson !