La carte d’identité des journalistes professionnels est l’une des composantes du statut de notre profession. Or les textes du Code du travail qui définissent la qualité de journaliste ne précisent pas s’il est nécessaire d’en être titulaire pour exercer son métier. Donc oui, on peut être journaliste sans carte de presse.
Sauf que voilà, la carte peut être exigée chaque fois qu’on a besoin de faire reconnaître sa qualité de journaliste par une autorité administrative : comme, par exemple, la police à l’occasion d’une manifestation ou d’un fait divers, ou encore pour l’autorité judiciaire, notamment lorsqu’il s’agit de faire valoir le droit du journaliste à protéger ses sources.
De plus, au quotidien, la carte, c’est surtout un « outil de travail » pour accéder à des lieux où collecter l’information, depuis une préfecture ou un stade jusqu’aux zones de conflits armés à l’étranger. Et c’est très souvent le sésame demandé pour obtenir une accréditation.
Ce que dit la convention collective
Par ailleurs, l’article 6 de la Convention collective des journalistes stipule : « Aucune entreprise visée par la présente Convention ne pourra employer pendant plus de trois mois des journalistes professionnels et assimilés qui ne seraient pas titulaires de la carte professionnelle de l’année en cours ou pour lesquels cette carte n’aurait pas été demandée ». Ainsi on pourrait supposer que les entreprises de presse emploient durablement, en qualité de journaliste ou assimilé, uniquement des personnes titulaires de cartes de presse. Mais puisque les journalistes n’ont aucune obligation de la demander et puisque l’employeur ne s’expose pas à une sanction en cas de non-respect de l’article 6, on voit des journalistes être employés par un média, au-delà des trois mois prévus, sans être titulaire de la carte de presse.
Un outil pour faire valoir ses droits
Donc encore oui, un journaliste peut exercer sa profession sans carte de presse, y compris durablement dans une rédaction. Mais en l’absence de cet « outil de travail » parfois indispensable, il s’expose aussi potentiellement à ne pas bénéficier des avantages sociaux prévus par la Convention collective nationale des journalistes. Car la carte sert aussi à ça : faire valoir les droits reconnus aux journalistes par la loi, les règlements et les accords signés par les partenaires sociaux dont, par exemple, faire valoir la cause de cession lors du changement de « propriétaire » du média employeur ou encore bénéficier d’une rémunération conforme à l’ancienneté de ladite carte de journaliste professionnel…