Le rapport Brachard et la proposition de loi qu’il contient – votée à l’unanimité et publiée le 29 mars 1935 –, marquent le début de la reconnaissance officielle de la profession de journaliste en France. Les mesures alors mises en place pour protéger les journalistes dans l’exercice de leur métier sont toujours celles qui définissent aujourd’hui ce statut. Elles seront incluses dans la foulée dans le Code du travail et dans la Convention collective nationale de travail des journalistes, signée deux ans plus tard.
Un contexte pressant
Depuis 1914, la presse est régulièrement critiquée en France et parfois à raison. Au cours de la Première Guerre mondiale par exemple, des journalistes, interdits de front, inventent purement et simplement le contenu de leurs articles, plus proches de la propagande idéologique aveugle que de l’horreur véritable des tranchées. Leur travail donne naissance à l’expression « bourrage de crâne » ; il décrédibilise aux yeux des Français le métier de journaliste.
Dès la fin de la guerre, les organisations patronales et de salariés du secteur essayent d’empêcher que cette situation se reproduise. Il semble alors évident que pour garantir l’indépendance des journalistes et des rédactions, des moyens spécifiques doivent leur être alloués. Un premier projet de contrat collectif, porté par le Syndicat national des journalistes (SNJ,1 800 membres) et par le Comité général des associations de la presse (composé d’une myriade d’associations de journalistes) échoue en 1919, faute de soutien des syndicats patronaux. Un deuxième projet, pourtant fruit de deux ans de dialogue entre organisations, s’effondre en 1930, à la suite du blocage initié par le syndicat des quotidiens régionaux.